Les ménages français ont vu leur pouvoir d’achat diminuer © JAVIER ZAYAS PHOTOGRAPHY

Pouvoir d’achat : les ménages français sont à sec

La France est à sec de carburant suite à un mouvement de grève dans les raffineries de TotalEnergies. Dans un contexte d’inflation sans précédent, une étude publiée le 11 octobre par Panorabanques.com révèle que de nombreux Français sont aussi à sec côté finances.

Le pouvoir d’achat est devenu la préoccupation numéro un des ménages français et certains partis politiques l’ont bien compris lors de la dernière élection présidentielle. Les ménages font désormais attention à l’euro près sur tous les postes de dépenses habitation, énergie, alimentation et transport, les loisirs et les voyages étant devenus un luxe pour certaines familles. Dans l’étude publiée par Panorabanques.com, 61% des sondés, affirment que leur pouvoir d’achat s’est détérioré, contre 36% seulement l’an passé. Certains avouent ne plus y arriver et basculent dans le découvert bancaire pour parer au plus urgent.

Le prix des produits du quotidien a grimpé en flèche

Le prix des courses a grimpé en flèche © Rémy Gabalda

Nous l’avons tous constaté en allant faire nos courses, au supermarché, le montant du ticket de caisse affiche un prix hallucinant que nous avons du mal à réaliser, et il faut parfois y regarder de près afin de vérifier si le ou la caissière ne se serait pas trompé(e) en passant le code barre deux fois. Après l’essence, les produits alimentaires ont connu une hausse importante. Selon l’Insee, en aout 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 5,8 % sur un an. Même en expliquant aux ménages que cette hausse est dû principalement au coût des matières premières et la guerre en Ukraine qui a touché la production internationale, la pédagogie ne suffit pas à les rassurer. Malgré l’indemnité inflation défiscalisée de 100 euros versée à 38 millions de Français entre décembre 2021 et février 2022, le chèque énergie exceptionnel de 100 euros distribué à 5,8 millions de foyers et le « bouclier tarifaire » instauré pour freiner la progression des prix de l’électricité et du gaz, rien n’y fait, pas même l’aide exceptionnelle de 100 euros, plus 50 euros par enfant à charge, destinée aux ménages les plus modestes, versée la mi-septembre, directement sur le compte en banque d’environ 10,8 millions de bénéficiaires.

Des découverts en augmentation

Les Français sont à découvert chaque année, voire à dépasser celui autorisé © Jean-Sebastien Evrard

L’enquête de Panorabanques réalisée auprès d’un échantillon de 1000 personnes, révèle que 47% des Français sont à découvert au moins une fois par an, 20% une fois par mois, soit un point de plus dans les deux cas par rapport à l’an passé. Pour Amélie assistante maternelle mère de famille avec deux enfants à charge que nous avons interrogée, cette dernière a trouvé une astuce simple pour gérer son budget  alimentation et son découvert à la banque : « je retire de l’argent au distributeur et je fais mes courses avec. Comme ça je ne suis pas tentée par autres choses, et je reste dans mon budget. Je ne m’habille plus, et pour les enfants, dans mon entourage, il y a toujours quelqu’un qui vide ses placards et qui me donne les vêtements de ses enfants qui ne servent plus ». Pour ce qui est du chèque énergie de 100 euros et l’aide de 100 euros, plus 50 euros par enfant à charge, la jeune femme ne les a pas vu passer, ils sont aller directement combler son découvert de 350 euros. « J’ai un conseiller très compréhensif, il est conscient de la situation ajoute-t ’elle. « Parfois  je dépasse les 500 euros de découvert, et là je fais appel à ma mère qui m’aide de temps en temps ». En effet comme Amélie, 31% des Français interrogés ayant une autorisation de découvert, vont bien au-delà, et ils sont 10% à le faire systématiquement. Ceux qui n’ont pas comme elle la chance de compter sur l’aide de leur proche, se retrouvent parmi les 5% des Français qui se retournent vers le crédit à la consommation. Amélie nous confie, qu’elle aussi y a eu recours, pour faire face à une facture exceptionnelle, et un imprévu. « Ma machine à laver était tombée en panne, et il fallait absolument que j’en achète une autre. Comment voulez-vous faire avec deux enfants ? Et je suis assistante maternelle à domicile, je dois avoir des vêtements et du linge propres » justifie -t-elle. 

La grève dans les raffineries, un avant-goût du climat social à venir

Pénurie d’essence dans une station-service Total © Maxppp/Franck Dubray 

Le président de la République, a bien compris que la voiture était aussi un moyen indispensable pour de nombreux ménages, aussi bien pour se rendre au travail, que dans leur vie quotidienne, que ce soit pour aller faire leurs courses ou aller chercher les enfants à l’école. Au cours de l’émission de France Télévisions, mercredi 12 octobre face à Caroline Roux il a tenté de rassurer les Français en prédisant un retour à la normale « dans le courant de la semaine qui vient », alors que les négociations entre les syndicats des raffineries TotalEnergies et Esso-ExxonMobil étaient encore au point mort, et que selon Francis Pousse, président de la branche station-service et énergies nouvelles du syndicat professionnel Mobilians à BFMTV  : « c’est impossible qu’un retour à la normale (…) arrive la semaine prochaine, tout simplement parce qu’une raffinerie, c’est cinq à dix jours pour redémarrer ». Ce retour à la normale est d’autant plus incertain quand on sait que plusieurs syndicats, dont la CGT et FO, ont lancé un appel à la grève générale, ce mardi, et que de nombreuses professions ont prévu de se mobiliser, dans un contexte de forte tension avec la pénurie de carburants. Ce dimanche 16 octobre c’est la gauche unie dans la Nupes qui a organisé à Paris sa « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » avec le renfort d’associations et de certaines fédérations syndicales, espérant ainsi en pleine grève dans les raffineries de TotalEnergies contribuer à l’ébullition sociale de cet automne.

Un bonus pourquoi faire ?

La Renault Zoé électrique © DR

Emmanuel Macron, souhaite de son côté « accompagner les ménages dans leur changement de véhicule ». Dimanche 16 octobre, le président de la République qui se rendra lundi à l’ouverture du Mondial de l’Auto à Paris, a annoncé un plan de soutien à la filière des voitures électriques qui prévoit entre autres, le passage du bonus écologique de 6 000 à 7 000 euros pour les ménages les plus modestes qui souhaitent acheter une électrique. Un bonus valable pour les voitures vendues moins de 47 000 euros, soit des électriques compactes ou des SUV, comme la Renault Mégane ou la Peugeot 2008, mais pas une Tesla. Des véhicules dont les prix varient entre 42 000 et 45 000 pour la Mégane et 30 000 environ pour la Peugeot 2008. Autrement dit, hors sol pour la plupart des ménages français. Dans une interview au journal Les Echos le chef de l’Etat annonce que bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie va être étendu aux bornes de recharge des voitures électriques. « Aujourd’hui les prix restent raisonnables, nous allons nous assurer qu’ils le resteront », explique Emmanuel Macron appelant à « une politique massive pour réindustrialiser l’Europe », tout en préconisant un « soutien fort » et le « plus vite possible » à la filière automobile européenne face à la Chine et les Etats-Unis. « Je défends fortement une préférence européenne sur ce volet et un soutien fort à la filière automobile. Il faut l’assumer et cela doit advenir le plus vite possible », affirme-t-il. Quant aux foyers modestes, ils devront attendre la location de voitures à 100 euros par mois qui sera lancée au deuxième semestre 2023.

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