Charlotte Valandrey © Sidaction/TWITTER
L’actrice Charlotte Valandrey 53 ans, succombe à son opération du cœur
Sa troisième tentative n’aura pas fonctionné. Charlotte Valandrey est morte, mercredi 13 juillet, à l’âge de 53 ans, a annoncé son agente à l’AFP. Suite à sa séropositivité qu’elle avait révélée en 2005, elle avait été contrainte d’avoir recours à une transplantation cardiaque en 2003.
Le destin l’a rattrapée à 53 ans. Et pourtant elle espérait encore un peu. L’actrice avait annoncé sur les réseaux sociaux que son cœur arrivait en bout de course. « En attente de mon 3e », écrit-elle sur Instagram le 8 juin. Avec un humour teinté de lassitude. « J’ai besoin de toutes vos ondes positives. Car la Warrior est moins Warrior… » Moins d’une semaine après elle bénéficiait d’une nouvelle greffe, le 14 juin, mais celle-ci n’a pas pris, a expliqué sa famille. Avec les progrès de la médecine, l’espérance de vie des personnes séropositives en Europe et en Amérique du Nord a augmenté de 10 ans depuis 1996, mais le combat contre le VIH est encore loin d’être gagné.
L’amour dans le sang
Charlotte Valandrey, lors du Festival de télévision de Monte-Carlo, en juin 2018 © VALERY HACHE
Les greffons sont rares. Attribué selon des règles écrites homologuées par le ministre chargée de la Santé et mises en œuvre par l’Agence de la biomédecine, ils sont donnés en fonction de la gravité de la pathologie du patient. L’actrice Charlotte Valandrey, avait eu la chance de pouvoir bénéficier d’une troisième greffe cardiaque, qui lui sera finalement fatale. Elle était une des rares personnalités françaises à avoir eu le courage de révéler sa séropositivité, alors que le sujet était encore tabou. En 2005 dans son autobiographie L’amour dans le sang, adapté en téléfilm, la comédienne raconte qu’à presque 18 ans, elle apprend qu’elle a contracté le VIH, avec un « prince gothique », membre d’un groupe de rock connu. Celle qui venait d’être consacrée par le film Rouge Baiser en 1985, de Véra Belmont, son premier rôle, voit ses rêves de comédienne s’envoler. Dans ce film où elle avait remporté l’Ours d’argent de la meilleure actrice à Berlin, et nommée au César du meilleur espoir féminin, elle incarne Nadia, jeune révoltée qui milite aux Jeunesses communistes et voit son idéal vaciller après une rencontre amoureuse interprétée par Lambert Wilson. Malgré le séisme de l’annonce de la maladie, elle espère encore continuer à exercer son métier. Pressentie pour le rôle principal de Noce blanche, elle informe le metteur en scène Jean-Claude Brisseau, qui lui préférera finalement Vanessa Paradis. C’est la télévision qui donnera sa chance dans les séries Les Cordier, juge et flic et Demain nous appartient. La trithérapie avait épuisé son cœur et elle avait eu recours à une transplantation en 2003, ce qui avait fait d’elle la première séropositive greffée du cœur en France. Charlotte Valandrey s’est battue toute sa vie, en guerrière, mais son nouveau cœur n’a pas tenu le choc de cette ultime tentative. Le décès de l’actrice ne doit pas nous faire oublier que la médecine a fait d’énorme progrès, et que beaucoup de malades vivent normalement en étant séropositives.
La trithérapie a augmenté l’espérance de vie
Le quintuple champion NBA, Magic Johnson, le 16 février 2019 à Charlotte (Etats-Unis) © STREETER LECKA
L’espérance de vie des patients infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en Europe et en Amérique du Nord a augmenté d’environ 10 ans depuis l’introduction des trithérapies en 1996, selon une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet HIV. L’étude montre que les traitements antirétroviraux sont d’autant plus efficaces qu’on les prend tôt. Pour quelqu’un ayant commencé son traitement en 2008, et suffisamment tôt (c’est-à-dire avant que le taux de lymphocytes T4 présents dans le sang ne chute dramatiquement et que la maladie du Sida ne se déclare), elle atteint désormais 73 ans chez les hommes et 76 ans chez les femmes. Soit presque autant que la population générale (78 ans en moyenne, hommes et femmes confondus). Entre 1996 et 2010, l’espérance de vie des séropositifs soignés par trithérapie a ainsi augmenté de 10 ans chez les hommes et de 9 ans chez les femmes. Cette étude, la première d’une telle ampleur, est en fait la prolongation dans le temps d‘un premier suivi épidémiologique transatlantique réalisé de 1996 à 2005. Une méta-analyse de 2016 montre que la situation s’améliore globalement partout, même en Afrique. Aujourd’hui l’annonce de la séropositivité d’une célébrité n’est plus un tabou. En Novembre 2015, l’acteur Charlie Sheen a confié qu’il était séropositif. Une confession qui avait notamment boosté les ventes d’autotest. En 2018, le gagnant de l’Eurovision Conchita Wurst a préféré annoncer sa séropositivité à la suite de menace d’un ancien petit-ami, qui voulait le révéler. Toutes ces annonces ne sont plus des drames. On se souvient du Cataclysme dans le monde du sport, quand Magic Johnson, le quintuple champion NBA avait annoncé sa séroposivité le 7 novembre 1991. A l’époque, la recherche tatillonne encore, et Magic Johnson est, aux yeux du grand public, condamné. On lui donnait au mieux quatre ou cinq ans. Il est toujours vivant. Quelques jours après cette annonce, le 23 novembre, le charismatique chanteur du groupe Queen, Freddie Mercury, fait rédiger un communiqué pour révéler qu’il souffre lui-même du sida. Il succombera le lendemain, emporté par une pneumonie.
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