Austin Butler interprète Elvis Presley sur scène © Hugh Warner Bros Entertainment 

Elvis : le King du Rock and Roll sous l’emprise de son manager

Projeté hors compétition au Festival de Cannes 2022, cette fresque musicale en salle ce 22 juin réalisé par Baz Luhrmann, retrace la carrière d’Elvis Presley à travers les yeux du colonel Tony Parker, l’odieux impresario du King de Memphis.

On savait Elvis Presley malade à la fin de sa vie, dépendant aux drogues, et obèse, ce que l’on sait moins, c’est cette relation, complexe avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le réalisateur australien Baz Luhrmann (Moulin RougeThe Great Gatsby), a choisi d’explorer leurs relations sur une vingtaine d’années, de l’ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels.

Un autre défi pour Tom Hanks

Tom Hanks, Austin Butler et Baz Luhrmann, avant la projection du film « Elvis », le 25 mai 2022 au Festival de Cannes © CHRISTOPHE SIMON

Pour interpréter cet odieux personnage, il fallait un acteur de la trempe de Tom Hanks, habitué aux transformations spectaculaires. Comment oublier son rôle d’autiste dans Forest Gump, ou de malade du sida dans Philadelphia de Jonathan Demme sorti en 1993, pour lequel il s’était investi en perdant 12 kilos. Idem en 2000 dans Seul au monde de Robert Zemeckis, où il acceptera d’en perdre 20. Dans Elvis, le colonel Parker est un manager qui manipule la famille d’Elvis Presley, pour enfermer le chanteur dans la prison dorée de l’hôtel Intercontinental de Las Vegas parce qu’il avait besoin de solder des dettes de jeu considérables auprès d’un mafieux notoire. Pour se mettre dans la peau du sulfureux colonel, Tom Hanks porte des prothèses et a transformé sa voix. Après la présentation du film hors compétition au Festival de Cannes, l’acteur américain avait révélé qu’il ne connaissait rien du colonel avant le tournage du film. « J’ai entendu beaucoup de choses sur le colonel Tom Parker. La réalité, c’est qu’il a vu un jeune sur scène et il a tout de suite compris que c’était une force extraordinaire. C’est un homme brillant et curieux, qui en a profité pour gagner beaucoup d’argent », expliquait Tom Hanks sur la Croisette. « C’était à la fois un génie et une crapule », explique l’acteur dans le dossier de presse. « C’était un type très discipliné mais il valait mieux recompter ses billets dans son portefeuille après l’avoir croisé. » On découvre ainsi dans le film que c’est cet odieux colonel qui envoie le King de Memphis faire l’armée en Allemagne en 1958, et favorisé sa rupture avec Priscilla Beaulieu son épouse. A noter que Tom Hanks était dans la distribution Elvis Has Left the Building en français Mais où est passé Elvis ? de Joel Zwick, mais interprétait le rôle de la boîte aux lettres d’Elvis. Dans cette histoire complètement loufoque, c’est la vie de Harmony qui tourne autour d’Elvis, une fan née pendant un de ses concerts, qui se rend à des conventions de fans, jusqu’au jour où elle tue accidentellement, deux sosies du King, et voit le FBI se lancer à ses trousses. 

Dans la peau d’Elvis

Austin Butler interprète Elvis Presley devant la caméra de Baz Luhrmann © Hugh Stewart/Warner Bros Entertainment Inc

L’acteur Austin Butler, qui interprète Elvis, est également chanteur et mannequin, mais n’avait encore jamais interprété un premier rôle dans un film à gros budget. Connu pour avoir joué un des personnages principaux dans la série The Carries Diaries, et celui dans la série Les Chroniques de Shannara diffusée sur MTV, l’acteur a confié qu’il s’était concentré sur ce rôle à 100% pendant deux ans pour se rapprocher au maximum du vrai Elvis. “On me disait que je ne me ressemblais plus. J’écoutais ses interviews en boucle. Ensuite, j’enregistrais ma voix et je réécoutais pour voir où ma voix était différente”, a-t-il expliqué. Dans Elvis, il chante lui-même les morceaux du King lors des concerts. Une des scènes cultes, montre comment le jeune Elvis, qui a vécu dans un quartier noir de Memphis, tombe amoureux du gospel pendant une messe musicale, au cours de laquelle il s’effondre en transe. « Elvis absorbait ce qu’il fallait absorber et il est devenu tout de suite un génie de la country. On a essayé de montrer comment un enfant grandit dans une communauté. La musique d’Elvis est une musique qu’il a absorbée avec des musiciens noirs extraordinaires qui n’étaient pas encore connus, comme B.B. King », explique Baz Luhrmann. Des déclarations qui sont en contradictions avec celles du compositeur Quincy Jones qui dans une conversation sans filtre avec The Hollywood Reporter en mai 2021, déclarait qu’il n’aurait jamais travaillé avec Elvis Presley, car il était raciste. Baz Luhrmann lève le voile dans une scène où il est montré que lorsque les premières chansons d’Elvis furent diffusées à la radio, les habitants de Memphis pensaient entendre un chanteur noir. « Nous avons étudié tout cela, nous savons que son amour pour le gospel était véridique. Juste avant sa mort, après deux shows, il chantait encore du gospel jusqu’au matin. C’est là qu’il se sentait en sécurité », confiait le réalisateur.

Les amoureux du King vont sans doute prendre plaisir à haïr ce colonel sans scrupule. On pleure sa vie brisée, mort à seulement 42 ans, tout en reconnaissant qu’il n’aurait pas eu ce destin de légende américaine du Rock and Roll sans ce cynique colonel Parker.

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