Kendrick Lamar entouré de ses danseurs sur la Main Stage du festival de Glastonbury, ce dimanche 26 juin © Capture d’écran YouTube/BBC
Cour Suprême : les entreprises et les artistes s’engagent à défendre le droit à l’avortement
Depuis la décision de la Cour Suprême qui est revenue sur l’arrêt Roe vs Wade, les artistes ont laissé échapper leur colère. De leur côté, des studios américains, dont Netflix et Disney, ont annoncé qu’ils couvriraient les frais de leurs employées qui devront voyager pour avorter.
Suite à la décision de la Cour Suprême qui est revenue sur l’arrêt Roe vs Wade, 26 états ont annoncé vouloir criminaliser l’IVG. À ce jour il est officiellement interdit d’avorter en Utah, Dakota du Sud, Wisconsin, Missouri, Oklahoma, Arkansas, Alabama, Louisiane, Kentucky. Il n’en fallait pas moins pour enflammer les réseaux sociaux et les scènes des festivals anglo-saxons durant tout le week-end dernier.
Les artistes contre-attaquent sur scène
Kendrick Lamar entouré de ses danseurs sur la Main Stage du festival de Glastonbury, ce dimanche 26 juin © Capture d’écran YouTube/BBC
Dimanche 26 juin, au mythique Glastonbury, l’un des plus grands rassemblements en Grande-Bretagne, le rappeur californien Kendrick Lamar, qui revenait de la Fashion Week de Paris, le visage ensanglanté par une couronne d’épines, à la fin de son titre Saviour a hurlé : « Godspeed for women’s rights, they judge you, they judge Christ ! » (« Bonne chance aux droits des femmes. Ils vous jugent : ils jugent le Christ ») en soutien aux Américaines. Le rappeur de Compton a ensuite quitté la scène en jetant son micro à terre. Le vendredi c’est Billie Eilish qui leur avait dédié sa chanson Your Power et lancé au public : “Aujourd’hui est un jour vraiment, vraiment très sombre pour les femmes aux États-Unis”, comme le rapporte la BBC. Toujours à Glastonbury, la chanteuse Olivia Rodrigo, accompagnée par Lilly Allen, a remis au goût du jour la chanson Fuck You dédiée “aux juges Samuel Alito, Clarence Thomas, Neil Gorsuch, Amy Coney Barrett et Brett Kavanaugh.” Phoebe Bridgers s’est elle aussi insurgée contre cette décision et a scandé avec son public une chanson insultant la Cour Suprême : “N***e l’Amérique. Que tous ces vieux f*** de p*** qui nous disent quoi faire avec nos corps aillent se f**** f*****.” La scène des BET Awards a également été le théâtre de contestation lundi 27 juin. Jannelle Monáe invitée à remettre le prix de la meilleure artiste féminine/R&B, a scandé au micro « Fuck you Supreme Court ». Lors de cette même soirée la chanteuse Lizzo s’est engagée à faire un don de 500 000$ au planning familial issus de sa prochaine tournée, tout comme Rage Against The Machine qui promet une aide de 500 000 dollars à des organismes de défense dans le Wisconsin, où l’IVG a déjà été interdite.
Sur les réseaux sociaux, les contestations sont tout aussi virulentes
Taylor Swift a partagé une tribune de Michelle Obama © PA Photos/ABACA
Sur Instagram, Jack White a posté une longue déclaration visant principalement le camp républicain et Donald Trump. Taylor Swift a elle aussi réagi en partageant sur Twitter une tribune de Michelle Obama. “Je suis absolument terrifiée qu’on en soit là, après des décennies de combat pour le droit des femmes à disposer de leur corps”, a déclaré la chanteuse. Un mouvement de dénonciation suivi également par Alicia Keys, Charli XCX ou Pearl Jam, qui dénonce sur Instagram “une décision qui affectera les femmes les plus pauvres”. Madonna a elle aussi pris la parole sur Instagram après son concert à la Pride de New-York : “J’ai peur pour mes filles. J’ai peur pour toutes les femmes d’Amérique. J’ai tout simplement peur.” L’actrice Patricia Arquette regrette un manque de réactivité collectif. Pour l’acteur et scénariste Seth MacFarlane « cette situation qui, il y a quelques années aurait semblé digne d’une dystopie est l’héritage de l’élection de 2016 [qui a porté Donald Trump au pouvoir, ndlr] et la marque indélébile des Républicain, imprimée ici, noir sur blanc ». Cette décision « aura des conséquences mortelle« , redoute la comédienne Alyssa Milano. La mezzo-soprano Joyce DiDonato en appelait de son côté à la colère de Haendel pour exprimer sa rage, alors qu’au beau milieu d’une tournée européenne Billie Joe Armstrong, le chanteur du groupe punk-rock Green Day, annonçait sur la scène du London Stadium devant les milliers de spectateurs, qu’il renonçait à sa citoyenneté américaine, en guise de protestation. De Stephen King en passant par Halle Berry à Danny DeVito, Taylor Swift, Mariah Carey tous se sont fendues d’un tweet sur le sujet. On peut y voir des déclarations sans conséquence.
Les entreprises qui condamnent publiquement la Cour Suprême
Jeremy Stoppelman, patron de Yelp © DR
Après des géants de la mode comme Gucci ou Levi’s d’autres entreprises s’engagent en faveur de la défense de ce droit fondamental pour leurs employées. Certaines avaient pris les devants en s’engageant à garantir à leurs employées un accès à l’avortement, notamment en remboursant leurs frais de santé ou de voyage. Une prise de position qui n’est pas sans risques juridiques, voire de conséquences économiques. Le New York Times a précisé que des marques, comme Starbucks, Reddit, Netflix ou Airbnb l’ont annoncé dès le mois de mai 2022, lorsque des rumeurs sur la nouvelle législation ont fuité. Au moment de la décision de la Cour Suprême, Disney, Meta (le propriétaire de Facebook, Instagram et Whatsapp) et JP Morgan (holding financière) ont suivi le même exemple, selon la BBC. Les studios américains, Netflix et Disney, ont ainsi annoncé qu’ils couvriraient les frais de leurs employées qui devront voyager pour avorter. Mais parmi les condamnations les plus remarquées, il y a celle du patron du site Yelp [NDLR : start up qui publie via une application en ligne des avis sur les commerces, restaurants etc.], Jeremy Stoppelman. Selon lui, la décision de la Cour suprême « met en danger la santé des femmes, les prive de leurs droits et menace de démanteler les progrès que nous avons réalisés vers l’égalité des sexes sur le lieu de travail« . Il va même plus loin en ajoutant que : « les chefs d’entreprises doivent s’exprimer maintenant et demander au Congrès d’inscrire ce principe dans la loi », a ajouté sur Twitter, celui qui dirige la multinationale dont le siège est situé à San Francisco, en Californie, l’un des rares états où l’IVG reste possible. L’entreprise a été l’une des premières à s’engager à rembourser les frais de santé pour ses employées.
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