Fraté réalisé par Karole Rocher et Barbara Biancardini avec Thoma Ngijol et Samir Guesmi © Le Pacte
Cinéma : Fratè, la comédie familiale qui rend hommage aux valeurs corses
Tourné dans le village de Vezzanni en Corse, « Fratè » réalisé par Karole Rocher et Barbara Biancardini, raconte l’histoire de Dumé interprété par Thomas Ngijol, qui à la mort de son père, découvre l’existence d’un frère, joué par Samir Guesmi. Sorti le 8 juin en Corse, le 15 dans toute la France.
Fratè est un film de famille, sur une famille, pour les familles, avec tout ce que cela suppose de bonheur, mais aussi de déchirements, de deuils, d’abandon, de recompositions familiales. On y retrouve surtout l’âme et l’identité corse. Fratè c’est le nom que l’on donne aussi à un membre d’une deuxième famille que l’on a choisi. Cette expression que l’on doit à de l’Ile de beauté, a une origine plus ancestrale, qui remonte à l’époque latine sous la forme de frater. Amputé de la dernière lettre, on le retrouve aujourd’hui les lèvres de certains jeunes.
Un film de famille, sur la famille, et les valeurs corses
Les deux frères Samir Guesmi et Thomas Ngijol sont obligés de cohabiter © Le Pacte
Cette histoire de famille est celle de deux frères qui ne se connaissaient pas, mais qui vont devoir cohabiter sur fond d’héritage. Les valeurs corses sont véhiculées à travers cette comédie, à savoir la famille, la solidarité, le respect ou encore le sens de l’honneur. Les valeurs fondatrices du peuple corse font parties intégrantes de son identité à tel point, qu’elles ne peuvent s’exprimer qu’à travers le nationalisme. Très présente dans l’île, c’est la mouvance nationaliste qui a mis au goût du jour la notion même d’identité corse. Le sens de l’honneur et le respect de la parole donnée viennent en tête de ces valeurs, sans compter la famille qui tient également une place privilégiée. Karole Rocher est Corse du coté maternelle, elle a choisi Vezzanni, le village de ses grands-parents comme décors de son film qu’elle a coréalisé avec sa fille Barbara Biancardini. Une intimité qu’elle dévoile dans long métrage, car avant ce tournage, en dehors de Thomas Ngijol son compagnon qui interprète Dumé, elle n’avait jamais amené personne à Vezzani. « On était chez mes grands-parents, ils n’étaient plus là, j’étais comme un vrai chien de garde. Barbara m’a beaucoup aidée à surmonter leur disparition. Je ne sais pas quelle sera la carrière du film mais je sais qu’il est d’abord le film de Vezzani et de ses habitants et que, dans plusieurs générations, il comptera pour ceux qui nous y succèderont » dit-elle. La religion faisant partie intégrante de la culture et du mode de vie des corses, certaines scènes du film, ont été tournées au cimetière, devant le caveau de ses grands-parents et arrière-grands-parents.
Le clan Biancardini, Rocher, Ngijol
Karole Rocher et Thomas Ngijol à Paris le 26 novembre 2018 © DR
En corse pour préserver la continuité de cette identité le choix du prénom d’un enfant parfois se transmet de père en fils. Biancardini est le nom de famille du grand-père de Karole Rocher, et sa fille Barbara, l’a choisi comme patronyme pour sa carrière de réalisatrice. Le clan est aussi une autre caractéristique de la corse. Véritable famille élargie associant des parents éloignés mais aussi des membres de la communauté villageoise, ces derniers ont été intégrés au scénario, contents et fiers de jouer pendant quatre semaines, et conviés à l’avant-première du film organisés le 3 juin. Dans une interview accordée à France 3 Corse et reprise par Franceinfo, Karole Rocher explique : « Ce n’est pas notre film, en fait. C’est le film des Vazzanais, et ils ont été extraordinaires. Ils ont soutenu, ils ont tout donné ». Dans leur histoire, les Corses ont aussi appris à se méfier de tout ce qui arrive du monde extérieur. Dumé interprété par Thomas Ngijol voit d’un très mauvais œil ce frère qu’on lui impose et reste sur ses gardes. Le comédien déclare avoir eu un vrai coup de cœur pour Vezzani : « je m’y sens bien, l’atmosphère et les valeurs y sont assez proches de celles dans lesquelles j’ai grandi. Voir mes filles s’épanouir si tranquillement dans le village m’a peu à peu amené à imaginer cette histoire entre deux frères qui ne se connaissent pas. C’est en effet le prétexte parfait pour rendre hommage à cet endroit ». dit-il. Karole Rocher travaille autant que possible en famille, et avec ses amis qui font partis de son clan. Avant Fraté elle avait joué dans le film Black Snake, avec son compagnon Thomas Ngijol, qu’ils ont réalisé et scénarisé ensemble. Les deux comédiens ont trouvé le parfait équilibre entre vie privée et vie professionnelle puisque qu’on les retrouve à l’affiche de Fastlife réalisé cette fois par Thomas Ngijol. La coréalisatrice de Fratè, Barbara Biancardini fille de Karole, elle avait débuté comme troisième assistante, sur Black Snake. C’est tout naturellement qu’elle est venue à la réalisation grâce à sa mère et son beau-père. « Thomas et Karole m’ont donné une place. Je dialoguais avec eux, je castais certains acteurs, j’en faisais répéter d’autres. J’avais déjà acquis une certaine confiance sur le plateau » confie-t-elle. Un autre membre de la famille fait aussi partie de l’aventure, le frère de Karole, Patrick Rocher, qui a coécrit le scénario de Fratè avec Thomas Ngijol.
Fraté réalisé par Karole Rocher et Barbara Biancardini avec Thoma Ngijol et Samir Guesmi. En salle dans toute la France le 15 juin 2022.
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