Illustration d’Alain Delon © Rapporteuses
Mort d’Alain Delon : la fin d’un monstre sacré et d’une personnalité charismatique controversée
Le cinéma français perd l’une de ses légendes les plus iconiques. Alain Delon, acteur majeur des années 1960 et 1970, est décédé le 18 août 2024 dans sa résidence de Douchy à l’âge de 88 ans. Sa mort marque la fin d’une ère cinématographique où la beauté, le charisme et le talent d’un acteur pouvaient définir une génération entière. Mais au-delà de l’écran, Delon laisse derrière lui une figure complexe, mêlant son art à ses idées parfois controversées.
Pour beaucoup, Alain Delon restera l’un des plus grands acteurs français, un homme dont le talent et la beauté ont marqué le cinéma mondial. Mais Alain Delon, c’était aussi un homme de convictions fortes. Ses prises de position politiques ont souvent été jugées polarisantes, mais elles faisaient partie intégrante de la figure publique qu’il était. L’acteur était un homme qui ne se conformait pas aux attentes de son époque, ni en tant que comédien, ni en tant que citoyen. Sa filmographie a d’influencé des générations d’acteurs et de réalisateurs. Sa forte personnalité contrastée, à la fois aimée et critiquée, continue de captiver, même après sa mort.
Un charisme et une filmographie impressionnantes
Alain Delon pendant le tournage de « La Piscine » de Jacques Deray sorti en 1969 © Capture d’écran.
Alain Delon, plus belle gueule du cinéma français, est né en 1935 à Sceaux. L’acteur commence sa carrière au cinéma à la fin des années 1950 et devient rapidement une star mondiale grâce à son rôle dans Plein Soleil (1960) de René Clément. Dans ce long métrage, il incarne Tom Ripley, un personnage ambigu et manipulateur, un rôle qui lui vaudra une renommée immédiate. Le public est fasciné par sa beauté glaciale, sa présence charismatique et la profondeur psychologique qu’il apporte à ses personnages.
Dans les années qui suivent, Delon continue à jouer des rôles marquants dans des films qui deviendront des classiques du cinéma français, tels que Le Samouraï (1967) de Jean-Pierre Melville, où il interprète un tueur à gages solitaire et stoïque, ou encore L’Éclipse (1962) de Michelangelo Antonioni, qui le propulse parmi les acteurs les plus recherchés d’Europe. Sa filmographie est également marquée par sa collaboration avec Luchino Visconti dans des œuvres telles que Le Guépard (1963) et Rocco et ses frères (1960), des films qui révèlent l’étendue de son talent dramatique.
En incarnant souvent des antihéros, des hommes troublés ou des figures de l’ambiguïté morale, Delon a su capturer l’esprit tourmenté de son époque, en jouant avec aisance des personnages à la fois vulnérables et impitoyables, une dualité qui fascine toujours autant les cinéphiles.
Un homme de droite qui ne renie pas ses amitiés et ses convictions
Alain Delon fait Chevalier des Arts et des Lettre en 1986 en présence de son ami Jean-Marie Le Pen © Capture d’écran Twitter
En dehors de sa carrière d’acteur, Alain Delon a souvent suscité la controverse en raison de ses opinions politiques et de ses déclarations publiques. Se revendiquant ouvertement homme de droite, il n’a jamais hésité à exprimer son admiration pour des figures politiques conservatrices, voire d’extrême droite. Soutien affiché de Jean-Marie Le Pen dans les années 1990, Delon a longtemps été perçu comme un défenseur des valeurs traditionnelles et nationalistes.
Ses idées sur la société ont souvent été au centre des polémiques, notamment ses déclarations sur l’immigration, la famille et la France qu’il jugeait en déclin. Face à Anne Sinclair dans l’émission 7 sur 7, il ne cache pas sa nostalgie pour une France plus conservatrice et ses opinions tranchées sur la peine de mort, quitte à heurter la sensibilité du public. Malgré cela, il a toujours défendu son droit à exprimer ses convictions, déclarant souvent qu’il préférait être honnête, quitte à déplaire.
Dans les dernières années de sa vie, Delon s’est aussi engagé dans des débats sur la question de la fin de vie, un sujet qui le touchait personnellement. Il a plusieurs fois affirmé son soutien à l’euthanasie, une position qui a suscité beaucoup de discussions en France et qui reste encore en suspens.
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