Une mère et sa fille © DR

Fête des mères : faut-il la rebaptiser en tenant compte de la diversité des familles ?

Alors que dimanche 29 mai sera célébrée en France la Fête des mères, un mot signé d’une maîtresse d’école, relance le débat sur cette institution, certaines associations et écoles préférant la rebaptiser en « fête des gens que l’on aime ».

C’est Maëva Nourry, une mère de famille, qui avait découvert en 2016 dans le cahier de son fils scolarisé en maternelle dans une petite ville de Gironde, ce mot adressé aux parents d’élève, repris en 2022 par une autre maîtresse, qui déclare : « cette année fête des gens que l’on aime  » au lieu de la fête des mères et des pères. Aussitôt relayé, le message a suscité de nombreuses réactions, qui vont de l’indignation à ceux qui félicitent une telle initiative. Certes le modèle familial à évolué, mais la fête des mères reste une institution pour la grande majorité et un business lucratif pour les commerçants.

Famille, patrie, un model dépassé ? 

La charge mentale des mères © istock

Avec une charge mentale qui frôle le quintal tout au long de l’année, et qui pèse en majorité sur les femmes, (certaines ne sont pas loin du burn out), s’il faut à la société et aux familles une journée pour reconnaître et célébrer les mères, ce n’est pas une journée qu’il faudrait, mais toutes celles du calendrier. Mais qui a eu cette idée pas folle du tout ? Charlemagne a eu celle de généraliser l’école pour tous en 789. Enfin tous à l’époque veut dire sauf les filles, bien entendu. Et en 1806, Napoléon, celui qui a créé le code civil français en 1804, émet l’idée d’une journée pour les mères de familles nombreuses. Resté sans suite, elle est finalement officialisée le 20 avril 1926, la journée des mères s’est transformée « Journée nationale des mères » le 25 mai 1941 dans le cadre de la politique nataliste Maréchal Pétain, pour s’inscrire définitivement dans la loi du 24 mai 1950, qui stipule : « la République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises. » La fête des Mères est désormais reconnue et célébrée comme chaque année au mois de mai.

De nombreux autres pays célèbrent également les mères, mais les dates ne sont pas forcément identiques. Par exemple aux Etats-Unis la fête des Mères est devenue une véritable tradition en 1907, grâce à une certaine Anna Marie Jarvis qui décide de faire campagne en faveur d’une journée spéciale dédiée aux mères, pour rendre hommage à sa propre mère décédée deux ans plus tôt. Suite à l’engouement de ce « Mother’s day« , en 1914, le président Woodrow Wilson désigne cette fête comme jour férié national. Mais depuis les familles ont évolué.

Vers un modèle plus inclusif ?

Angelina Jolie avec cinq de ses six enfants : Pax, Shiloh, Vivienne, Zahara et Knox, en septembre 2019 © Gregg DeGuire/FilmMagic 

De plus en plus d’écoles ont rebaptisé la fête des mères, en tenant compte de la diversité des familles. En France, selon l’INSEE en 2020, parmi les 8 millions de familles qui résident avec au moins un enfant mineur à la maison, une sur quatre est une famille monoparentale, chiffre en hausse par rapport à 2011. Ces familles hébergent le plus souvent un seul enfant, mais vivent plus fréquemment dans des logements surpeuplés. Elles sont aussi plus souvent pauvres que les autres familles. Les familles recomposées (9 % des familles) sont les plus grandes : quatre sur dix, résident avec trois enfants ou plus à la maison. Les familles « traditionnelles » restent la configuration familiale la plus fréquente (66 %) même si leur part diminue.

Le Centre d’observatoire de la  société avance de son côté, des chiffre sur les familles recomposées. Selon lui, les enfants vivant dans une famille recomposée sont à 45 % des enfants qui vivent avec leur mère et un beau-père, 18 % avec leur père et une belle-mère et pour 36 % des enfants du couple qui vivent avec leurs deux parents, mais aussi des demi-frères ou demi-sœurs d’une précédente union. La fête des mères et des pères devient parfois un sacré casse-tête, en cas de garde alternée, ou en cas de simple droit de visite ou profit de l’autre parent. Mais tous les enfants n’ont pas la chance d’avoir des parents, même séparés. Certains peuvent être placés ou élevés par leurs grands-parents, orphelins, ou ne connaissent pas l’un de leurs deux parents.

Dans le cas de famille homoparentales les enfants ayant deux papas, ou deux mamans, peuvent toujours fêter la fête des mères ou des pères, la seule différence est le budget il faut prévoir, deux cadeaux pour les parents du même genre. Et c’est là que tradition et business se rejoignent pour le plaisir des enseignes que ce soit à Noël, la Saint Valentin et la Fête des mères.

Un business qui marche bien

Les fleurs sont le cadeau préféré pour la fête des mères © les artisans fleuristes de France

Quelle mère n’est pas impatiente à l’idée de recevoir des fleurs, du parfum, des bijoux de la part « des personnes qui l’aime ». Quelle mère n’a pas fondu devant les dessins de son enfant, ou verser une larme de crocodile devant le traditionnel collier de nouille qu’elle jure sous une émotion parfois feinte de garder toute sa vie ? La « fête des gens que l’on aime » à la place de la « fête des mères et des pères », ne va certainement pas arranger les annonceurs qui se grattent déjà la tête à l’idée du slogan qu’il va falloir trouver. Car même s’il « véhicule un beau message d’amour et de tolérance » comme le dit la mère de famille à l’origine de la circulation du mot, il n’est pas vendeur. « Les gens que l’on aime » ne veut rien dire. Il y a pléthore « de gens que l’on aime », mais on ne les aime pas de la même façon, et tous ne nous on pas mis au monde.

Alors oui, la véritable fête des mères a son importance, surtout pour les commerçants. Même si certains considèrent que c’est un jour comme un autre. Publié le 16 mai 2022 sur le site Statista, 26% ne compte pas offrir de cadeaux. Ce sont les fleuristes les grands gagnants. 25% comptent offrir des fleurs ou des plantes. Les producteurs de rose réalisent jusqu’à 30% de leur chiffre d’affaires de l’année à cette occasion. Après les fleurs, le parfum, 8% vont se précipiter pour offrir un coffret ou l’effluve préféré de leur maman, c’est le deuxième cadeau privilégié pour cette fête. Les chocolatiers vont être contents car 6% espèrent offrir du chocolat. Les bijoux ne récoltent que 5%, l’or n’étant pas à la portée de toutes les bourses. Et puis il y a ceux qui ne savent pas, et qui représentent 18%.

Suite à la réaction des internautes, qui déplorent dans leur grande majorité cette initiative, la fête des mères a encore de beaux jours devant elle, et libre à ceux de la fêter avec « les gens qu’ils aiment ».

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